Un ébéniste crée de ses mains l’âme de son jeu

Julien Avy a 40 ans. Il habite au Québec depuis 7 ans. Sa passion pour la création de jeux de société s’est dessinée lorsqu’il avait 18-20 ans. « Je ne créais pas intensément, mais je faisais ça comme passe-temps. Depuis que je suis au Québec, je fais ça plus sérieusement; c’est ma passion ultime avec la course à pied », dit-il lors d’un entretien virtuel avec Média du jeu.

Ce dernier a fait des études de maquettiste pour le milieu industriel en Europe. Actuellement, Julien travaille en tant qu’ébéniste pour l’Atelier l’Établi, entreprise spécialisée en restauration du patrimoine bâti à Montréal. Il allait souvent aux événements de la Zone Proto pour tester des prototypes de jeux avec d’autres créateurs. Une occasion en or pour échanger, selon lui.

« Ici, comparé à la France, il y a une plus grande communauté de créateur de jeu », rend compte le protagoniste. Julien Avy a côtoyé Stéphane Vachon, créateur du jeu Planétarium qui a déjà remporté le prix du Plateau d’or en 2015. Ses sorties, ses lectures et ses rencontres ont fait mijoter en lui sa petite entreprise Made in sous-sol.

Gratte-ciel est son jeu. Le plateau est un quartier et les deux joueurs construisent des gratte-ciels. « Quand je fais un jeu, c’est pour l’avoir dans ma ludothèque », fait-il valoir. Ses exemplaires, c’est lui-même qui les assemble dans son sous-sol. Le passionné est en train d’en faire une centaine pour la boutique Ludold à Montréal. Une journaliste du Journal de Montréal de son entourage a corrigé les règles de son jeu. Il utilise des matières recyclées, du carton, du bois et quelques items de fabrication achetés chez DeSerres. Chaque exemplaire équivaut à quatre heures de travail. Des gens ont déjà acheté Gratte-ciel.

« J’adore ça travailler de mes mains. »

Tout les jeux qu’il produit sont numérotés et dédicacés. Il fait tester son jeu aux preneurs avant l’achat. Julien Avy espère être un précurseur au Québec d’un mouvement de concepteurs de jeux qui fabriquent eux-mêmes leur création pour s’autofinancer. «Peut-être qu’il y des gens comme moi qui veulent juste faire des jeux et qui s’en foutent d’être édité. J’essaie un peu de proposer une nouvelle branche de création de jeux de société », avoue-t-il.

« Je veux que Made in sous-sol reflète tout ce que j’aime dans le domaine du jeu de société, confie t’il, pas besoin d’en vendre un million, juste des petites séries pour les passionnés, des gens qui le veulent à tout prix, qui ont entendu ça à gauche à droite et qui viennent le chercher. »

Les appréciations à propos de Gratte-ciel suivront dans quelques semaines. L’auteure de ces lignes fera une joute avec le concepteur.

Valérie Gagnon

Valérie Gagnon, est une professionnelle des communications passionnée de jeux. Elle cumule plus de dix ans d'expérience en journalisme. Elle a signé des articles pour Le Soleil de Châteauguay, Le Reflet, Le Journal Saint-François, L'Information d'Affaires d'ici, Le Journal de Montréal, Metro News et le Journal Métro.